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17 mai 2022

Volet 3 du blog pour le SC en 2022

Les années ont passées, et durant tout ce temps, en dehors d'autres activités bénévoles en France et en Afrique, j'ai continué d'œuvrer pour les personnes accueillies à St-Omer, et parfois en utilisant mes relations pour d'autres endroits, et parfois même pour des étrangers aillant besoin d'aides administratives.

Mais en mai 2021, je me devais de remettre en question, le comportement du Secours catholique à mon égard. Déjà, j'avais été très déçu en 2019, quand Caritas-France, le siège du Secours catholique à Paris avait considéré que seules des personnes salariées du groupe, pouvaient intervenir pour aider les Africain(e)s chez eux. J'en ai ensuite pris mon parti, et j'ai continué d'œuvrer bénévolement en Afrique jusqu'en mars 2020. Mais ce qui a suivi deux ans après m'a interrogé plus profondément.

Tout en continuant d'œuvrer dans l'équipe du Secours catholique de St-Omer, en respectant les consignes appliquées depuis juin 2020, j'ai appris que le Secours catholique du Pas de Calais recherchait des bénévoles pour aider les migrants. Une fois de plus, il était évident que la délégation de cette association importante, qui gère mon département, ne s'intéressait pas à ce que je lui proposais depuis six ans.

Décidé d'aller à la rencontre de Béthune, où j'étais tout de même invité, pour rappeler à toutes les personnes présentes, l'absurdité de l'obstination du Secours catholique qui communique beaucoup, mais se limite beaucoup trop dans la prise en compte du bénévolat dont il peut bénéficier depuis six ans.

Ce jour-là, il me semblait avoir enfin été entendu, et le 15 septembre suivant, je suis invité àparticiper à une journée de découverte au Centre de Calais, afin de m'imprégner de ce que les migrants et les bénévoles vivent au quotidien, dans l'unique centre d'accueil de cette ville de 73 000 habitants, très convoitée par les nombreux exilés clandestins qui à 95% veulent aller au plus vite en Angleterre, dans le pays voisin, après avoir traversé la Manche. Durant cette observation, j'ai aussi pu constater les besoins qui manquent et évaluer les possibilités de ce que je pouvais apporter. Je connaissais depuis très longtemps, les difficultés régionales de cette forme d'impasse mais en y allant pour la 1ère fois, je maitrisais un peu mieux le sujet qui bouleverse les droits de l'homme, chers à la France.

Effectivement, depuis le milieu des années 1990, la ville et les alentours de Calais attirent un nombre important d'exilés qui tentent de traverser la Manche pour se rendre en Grande-Bretagne. Ce pays étant resté à l'écart des accords relatifs à la libre circulation des personnes au sein de l'Union européenne, ces derniers ne peuvent franchir la frontière et se retrouvent bloqués dans le Calaisis. Afghans, Irakiens, Iraniens, Soudanais, Syriens, Kurdes, Érythréens, etc…, des hommes, des femmes et des enfants transitent ainsi par Calais depuis maintenant vingt ans. L'immense majorité d'entre eux fuient la guerre ou la répression et relèvent d'un besoin de protection internationale : ce sont des réfugiés que la France, le Royaume-Uni et l'ensemble des États de l'Union européenne se sont engagés à protéger lorsqu'ils ont signé, en 1951, la Convention de Genève sur les réfugiés.

Mais entre la ratification des textes et leur mise en pratique, il y a parfois souvent des écarts, qui sont même parfois béants ... Après la destruction du hangar de Sangatte en 2002 qui, sans être une réponse satisfaisante, offrait cependant un minimum de conditions matérielles pour survivre, le seul objectif de la politique conduite par les pouvoirs publics locaux comme nationaux, a été de rendre invisibles ces réfugiés. Violences, absence de tout aménagement, évacuations musclées, répression policière, placements en rétention, etc., toutes les formes de dissuasion ont été employées pour tenter de convaincre les exilés d'utiliser d'autres routes pour rejoindre la Grande-Bretagne et d'abandonner Calais. De fait, la façon dont, depuis des années, ces exilés sont "non accueillis " et constituent un reniement des engagements internationaux de l'Union européenne, et un véritable déni d'humanité.

Force est de constater qu'après tant d'années, cette politique est non seulement un échec, les exilés vont toujours aussi nombreux à Calais, mais qu'elle n'apporte aucune réponse ni aux réfugiés, ni aux Calaisiens, ni aux collectivités locales ou régionales.

Face à cette impasse, et fort de son action importante menée sur le terrain par ses équipes bénévoles auprès des exilés, le Secours Catholique - Caritas France a entrepris en 2013 de convaincre les pouvoirs publics de lancer une mission de réflexion et de travail pour que puissent être élaborées des solutions alternatives à ce non-accueil. Début 2014, le ministre de l'intérieur a donné son accord de principe a une telle démarche. Des discussions s'en sont suivies, et une mission, construite entre le "Secours Catholique - Caritas France", "Médecins du monde" et le ministère de l'intérieur a été confiée, en septembre 2014 par le ministre, à Jérôme Vignon (Président de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES)), et Jean Aribaud (Préfet honoraire et ex-préfet de la région Nord – Pas-de-Calais).

Après avoir rencontré de nombreux interlocuteurs associatifs, étatiques et élus locaux, ces deux personnalités rendront leur rapport au ministre en mai 2015, et formuleront un certain nombre de préconisations destinées à "sortir" de l'impasse que représente l'absence de toute protection pour ces hommes et ces femmes.

Dès l'automne 2014, pour contribuer au travail de la mission ministérielle, le Secours Catholique - Caritas France, et sa délégation du Pas-de-Calais, a souhaité lancer une série d'entretiens approfondis avec ces exilés, afin de recueillir leurs paroles, de mieux comprendre les raisons pour lesquelles ils en étaient venus à vouloir passer en Grande-Bretagne, de mieux cerner les aléas de leur parcours, de leur errance, de leurs souffrances, mais aussi, et surtout, leurs espoirs et leurs attentes.

Cette action a été baptisée "je ne savais même pas où allait notre barque"

Comme à chaque fois où l'on se met à l'écoute attentive et chaleureuse des hommes et des femmes en situation de précarité, des réalités méconnues sont apparues au grand jour. Cette démarche d'entretiens approfondis le confirme : le rapport et l'analyse qu'il contient viennent ainsi bousculer fortement certaines des idées reçues qui sont répétées à l'envi par la presse et les responsables politiques sur les "migrants de Calais".

Bien qu'il serait présomptueux de généraliser trop rapidement les enseignements qui en ressortent, les acteurs qui ont retranscris ces constats peuvent cependant déjà "tordre le cou" a quelques représentations :

- La Grande-Bretagne ? Ce n'est pas l'eldorado rêvé mais, pour la plupart, un choix par défaut !

- Les filières ? Elles n'ont sans doute qu'un impact mineur sur le choix de la destination pour une partie importante des exilés.

- Les "migrants de Calais" ? Du fait de la diversité des situations, des parcours, des attentes et des projets, penser une réponse unique qui serait "la" solution s'avère inopérant et inefficace.

- Les "migrants de Calais" ? Ce sont d'abord des hommes, des femmes et des enfants qui ont fui parce qu'ils n'avaient pas d'autres choix.

Ceux et celles qui ont recueilli la parole de ces exilés, ont entendu des réfugiés qui ont cru et croient encore que l'Europe est une terre d'asile, et qu'au moins ils pourront y être accueillis et traités avec respect et humanité.

Les acteurs des associations concernées, (y compris le Secours Catholique ), à l'issue de ce travail, espéraient que le travail réalisé par et en lien avec Jérôme Vignon et Jean Aribaud, réussirait à convaincre les décideurs c’est-à-dire, l'État, les collectivités locales et régionales, les autres États de l'Union européenne, qu'une autre façon de répondre aux attentes des exilés est possible, et que la voie d'un accueil respectueux des personnes est non seulement une exigence éthique et morale, mais aussi la seule solution raisonnable pour tous.

Ce travail, à sa modeste mesure, avait pour ambition d'y contribuer. Moi, il m'a permis de mieux ce jour d'octobre 2021, de mieux comprendre, une situation qui demandent l'application de valeurs humaines.

Cette journée de découvertes m'a aussi permis d'essayer de comprendre où je serais utile au sein de ce que j'appellerais "une marée humaine de personnes désorientées, et face à des incompréhensions".

Le matin de ce mercredi, Jacky, l'un des responsables d'alors, de ce seul centre dans le Calaisis, depuis une vingtaine d'années, m'a expliqué que le Secours catholique avait depuis peu, loué un bâtiment assez proche de la rue de Moscou à Calais, pour y réaliser l'apport d'aides demandant une plus importante individualisation de services indispensables et souvent complémentaires à ceux déjà apportés dans ce centre d'accueil.

Ce nouveau lieu disponible prochainement, permettrait également de mettre en place des compétences manquantes à ce centre d'accueil unique à Calais, et de prévoir les besoins des prochaines années, car le phénomène de la migration humaine risque de s'amplifier lors des prochaines années. Face à ces prochaines amplitudes, une structure comme le Secours catholique se doit d'anticiper cet afflux de personnes étrangères et de concevoir son rôle dans ces prochaines années.

Plusieurs jours ont passée et je croyais naïvement que je pourrais être enfin utile à des étrangers souhaitant vivre en France, car la durée de la crise sanitaire m'avait éclairé sur une éventuelle inutilité d'aller en Afrique aider des familles africaines, alors que je peux être utile à tant d'étrangers déjà en France.

Le 21 septembre suivant à Béthune, moins d'une semaine après avoir découvert la réalité de la problématique des migrants à Calais, j'ai été convié à représenter mon territoire pour présenter le bilan de la matinée du 21 juin dernier, organisée par le Secours catholique afin d'espérer recruter des bénévoles motivés par cette thématique.

Très désagréablement surpris de cette journée, je rappelle que Atina, la responsable de ce territoire allant approximativement du Béthunois à l'audomarois, m'avait invitée il y a plusieurs mois, à représenter notre territoire, pour présenter à toutes les équipes de notre département, intéressées par la thématique des migrants, le bilan des rencontres sur les différents territoires de notre département. J'ai donc préparé cette rencontre, mais sur place, j'ai constaté que l'ordre du jour ne ressemblait plus du tout à ce qui m'avait été dit.

Hormis qu'Atina n'a pu assister à l'animation de cette rencontre, pour un motif personnel compréhensif, j'ai constaté que tout était déjà décidé sans nous, et qu'il n'y avait plus de place pour d'autres besoins évidents que j'avais très récemment mentionnés. Le soir en rentrant chez moi, j'ai aussi découvert un mail représentant la feuille de route du SC pour 2021 à 2024, qui détaille déjà le projet du SC auprès des migrants pour ces 4 années. A sa lecture, j'ai constaté que ce projet n'incluait la possibilité d'aucun de mes projets qui semblaient pourtant nécessaires à ce public défavorisé.

Partant de ce constat, qui ignore une partie des effets évidents des migrations de notre région, tout me semblait resté figé au Secours catholique, et je considérais donc dès ce jour qu'il était temps d'agir autrement. Effectivement, je n'ai plus de raison valable pour continuer à donner de mon temps à une structure associative, qui depuis 6 ans ne se préoccupe pas de ce que je peux lui apporter.

Persuadé que mes compétences dans la formation, et les nombreuses expériences vécues en Afrique, intéresseront une autre structure associative. Comme à l'accoutumé, j'avais envisagé rapidement, que dès le lundi suivant le 15 octobre 2021, je réaliserais des démarches pour rejoindre une autre équipe de bénévoles.

Je persistais à penser que la crise sanitaire en France, n'empêche pas d'aider les étrangers qui ont besoin de cours d'alphabétisation améliorés, et de suivi administratif adapté.

Dans les derniers jours de septembre 2021, plusieurs idées qui me permettraient de rester utile dans le Pas-de-Calais, me semblaient possibles. Pour ne pas passer à côté de propositions intéressantes, j'ai attendu les diverses offres qui me montrent que l'aide aux migrants, ne se cantonnent pas au Pas-de-Calais, ni au Secours catholique. Il est donc temps d'étudier d'autres possibilités de me rendre utile à une population de défavorisés.

Mais avec un peu de recul, j'ai estimé qu'en ces temps troublés, il ne suffit pas de vouloir se rendre utile bénévolement, encore faut-il pouvoir rejoindre une structure qui répond à mes souhaits. Dans ma réflexion, je conservais à l'esprit que je suis en retraite, et la vie seul en appartement est limitée, pour quelqu'un qui durant toute sa vie a été très actif. J'ai la chance d'être encore en bonne santé, et donc ai besoin pour mon équilibre, de m'occuper à l'extérieur, un peu chaque jour, pour notamment me considérer utile, qui pour moi, depuis que je suis à la retraite, a toujours été un "leitmotiv" important. Je me devais donc de rester cohérents avec mes activités futures.

Le 4 octobre 2021, Juliette Delaplace, responsable du Centre de Calais, m'a envoyé un mail, me précisant notamment les prochains besoins du Secours catholique à Calais. Sans conviction, j'ai tout de même pris le temps d'analyser le contenu de ce courrier.

Elle a ainsi évoqué que le Secours Catholique a développé une pédagogie en matière d’apprentissage du français langue étrangère à destination des adultes anglophones et propose de très nombreuses ressources. Cette institution d'aides présente aussi à Calais, a le projet de mettre en place, un atelier "autonome" à savoir qui peut se suivre en tant que tel sans s’inscrire dans un cycle d’ateliers à l’accueil de jour pour pouvoir exprimer le "courant". Puis, des cours individuels à destination de personnes souhaitant s’installer en France dans le cadre d’un cycle de cours qui ont déjà lieu ponctuellement chez les bénévoles ou à l’accueil de jour et que le Secours catholique projette, après sa prochaine ouverture, proposer au sein du nouveau lieu géré par le Secours Catholique que sera la Maison d’Entraide et de Ressources (MER).Afin de compléter l'offre, Juliette m'a fait également part de projeter la création d'ateliers collectifs à la MER à destination des personnes souhaitant s’installer en France. Elle a eu aussi l'honnêteté de m'informer ce jour-là, que pourle moment, seuls des ateliers "autonomes" et des cours individuels chez des bénévoles ou à l’accueil de jour ont lieu. La MER selon elle, devrait ouvrir ses portes courant 2022.

Selon également de la part de Juliette, le besoin est donc là, et mon aide serait précieuse sans délai pour les ateliers "autonomes" et des cours individuels. Je pourrais ensuite rejoindre la "MER" pour proposer des ateliers collectifs.

Suite à ma visite du 15 septembre précédent dans ce centre d'accueil à Calais, j'ai considéré que cette offre pouvait m'aider à développer le projet d'apprendre le "français" autrement.

C'est ainsi tout en continuant de rester membre du Secours catholique de St-Omer, qu'une nouvelle expérience m'offrait l'opportunité de continuer à agir pour prolonger ma façon d'aider notamment tous les Africains.

Après diverses démarches, j'ai démarré le 18 octobre 2021, une nouvelle expérience de bénévole au Centre d'accueil de Calais, du Secours catholique, en corrélation avec mon projet universitaire qui fait partie de mes études ethnologiques qui se terminent en fin mai 2022, et qui me permettra entre autres, de mieux aider tous les exilés.

Durant toutes ces années passées, j'ai effectué seulement 2 séjours dans des pays d'Afrique anglophone, l'Afrique du Sud et le Ghana, qui lui est à côté du Togo où je suis allé souvent. J'ai toujours favorisé l'Afrique francophone, bien que parlant anglais, il m'est plus facile d'avoir des contacts dans ma langue maternelle, avec les populations des pays visités.

Mais au centre d'accueil de Calais, il y avait en cette période, de nombreux jeunes exilés Soudanais, qui n'avaient pas le souhait de rester sur le sol français, mais de rejoindre l'Angleterre voisine, le plus rapidement possible.

Toutefois, la complexité des admissions dans ce pays d'outre-manche, et avec le "Brexit" qui s'est ajouté en décembre 2020, se sont encore accentuées des derniers temps. Elles ont atteint un tel point, que de nombreux de ces migrants sont parfois obligés de rester sur le sol français jusqu'à 3 ou 4 ans, voire plus. Donc ces contraintes, après un certain temps, les obligent à enrichir un peu leur vocabulaire en français, ne serait-ce que pour des besoins quotidiens.

C'est ainsi que des candidats déterminés à vouloir rejoindre la Grande-Bretagne, peuvent continuer à fréquenter depuis octobre dernier, lors des 3 après-midi par semaine, que cet unique centre de Calais les accueille gracieusement et chaleureusement, un atelier baptisé "atelier autonome", afin d'apprendre les principales expressions françaises nécessaires chaque jour, et sans devoir s’inscrire dans un cycle d’alphabétisation classique. Parmi eux, il y a aussi des personnes migrantes qui veulent s'occuper "utilement" pendant ces trois après-midis hebdomadaires.

Pour les autres, notamment ceux et celles qui souhaitent s'installer sur le sol français, car il y en a quelques un, ils(elles) sont invité(e)s en parallèle de leurs démarches administratives, à rejoindre bientôt gracieusement un atelier d'alphabétisation, dans un autre centre de Calais, mais en dehors des 3    après-midi par semaine consacré à l'accueil de jour.

A ces instants, le plus difficile de mes interventions envers un public très souvent anglophone, et arabe, était de fidéliser cet apprentissage de langage qui s'avère rapidement trop long. En effet les candidats ne comprennent pas toujours très vite, que le "français" ne s'apprend pas en quelques mois, même quand on a déjà un bon niveau scolaire, dans sa langue maternelle. Surtout quand on veut s'insérer professionnellement en France, une carte de séjour, puis éventuellement une naturalisation, demandent beaucoup de temps. Mais cela tombe bien, car par définition, j'ai appris ces dernières années, que l'Africain(e) est souvent patient(e), mais je dois désormais admettre que les jeunes migrants, le sont un peu moins.

Cette année de différentes pratiques à Calais, me permettra peut-être d'avoir aussi plusieurs mois pour me préparer à des cours collectifs d'alphabétisation à destination des personnes souhaitant s’installer en France. Le Secours catholique souhaite ouvrir dans la Maison d’Entraide et de Ressources (MER), un projet proche géographiquement du centre d'accueil actuel de Calais, mais qui théoriquement à ce jour, ne sera pas vraiment fonctionnel avant l'automne 2022. 

C'est au sein de ces cours collectifs que je pourrais probablement mettre en place, une partie de mon projet d'organiser des cours d'alphabétisation, en pouvant utiliser des méthodes plus adaptées aux attentes actuelles, et avec l'espoir de constater l'augmentation des bénévoles pour animer ces cours nécessaires pour participer à l'indépendance des migrants souhaitant une meilleure situation en France.

Diverses expériences de ma vie, m'ont aussi appris que l'on apprend davantage à regarder, à écouter puis à retenir, qu'à parler. Certes, c'est parfois difficile pour une personne à tendance volubile, mais il en est souvent ainsi, pour être efficace ensuite.

Plusieurs mois ont passé durant lesquels l'actualité locale pour les migrants a été parfois intense. Il y a notamment eu la grève de la faim pour dénoncer le "harcèlement que subissent les migrants à Calais"

Pour le Secours Catholique, il y a du sens à s’engager auprès des personnes migrantes à Calais.  Les personnes exilées sont des pauvres parmi les pauvres. La France est la patrie des droits de l’homme : "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits" (article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme).

Actuellement, à Calais, la dignité des personnes exilées n’est pas très souvent respectée. On renie les valeurs de la République française. La loi de 2009 sur l’inconditionnalité de l’accueil dit que toute personne sans abri et en situation de détresse a le droit d’avoir accès à une mise à l’abri.

Toujours en octobre 2021, face à de telles incompréhensions, un prêtre et deux militants associatifs ont entamé une grève de la faim pour dénoncer le "harcèlement que subissent les migrants à Calais" Dèss le 11 octobre, le père Philippe Demeestère, prêtre jésuite et aumônier du Secours catholique pour le Pas-de-Calais, âgé de 72 ans, qui vit à Calais depuis 2016, a entamé une grève de la faim, l’homme d’Eglise, accompagné de deux militants associatifs, Anaïs Vogel, 35 ans, et Ludovic Holbein, 38 ans, tous trois ont pris la décision radicale de ne plus s’alimenter.

Installés dans l’église Saint-Pierre de Calais, tous les trois dénonçaient "le harcèlement psychologique et physique"insupportable que subissent les exilés de Calais" de la part des autorités, précisait un porte-parole du Secours catholique.

"Ils sont déterminés à aller au bout face à l’escalade de la violence dont font preuve les autorités face aux migrants, ajoute l’association. Toutes les 48 heures, voire 24 heures, la police fait déguerpir les personnes et met leurs affaires à la benne."

Les grévistes ont trois revendications : l’arrêt des démantèlements des camps de migrants pendant la période hivernale, l’arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels des migrants et aussi l’ouverture d’un "dialogue" avec l’État sur le traitement des exilés pour obtenir l’autorisation pour les associations non-mandatées par l’Etat de pouvoir bénéficier de lieux pour les distributions d’aide humanitaire.

Les associations d’aide aux migrants avaient dénoncé, juste après, un "vol systématisé" de leurs affaires lors des expulsions de campements, une accusation récusée par la préfecture, mais que certaines photos confirmaient.

Le nouveau protocole, présenté, aux associations, "permettra de proposer un lieu de dépose plus accessible de ces effets, lesquels seront triés et séchés avant leur restitution aux migrants". En outre, "des plages horaires plus adaptées seront instaurées afin de répondre au mieux aux besoins de la population migrante", a affirmé le préfet.

"Comme toutes les autres rencontres, c’est une rencontre de pure forme, il n’y a rien à en attendre, les décisions ne se prennent pas au niveau de la sous-préfecture, a estimé auprès de l’AFP, le père Philippe. Il n’y a pas d’espace de discussion quand quelqu’un est en train de mourir de froid, sous la pluie, n’a pas accès à la nourriture ou autre chose."

Les grévistes de la faim appellent aussi la population à un jeûne de solidarité, dès samedi. Pour soutenir leur mouvement, une pétition a été mise en ligne et a recueilli près de 20.000 signatures, le vendredi 22 octobre 2021 au soir.

L'affaire faisait grand bruit, notamment dans la presse locale

De retour à Calais pour le médiateur du gouvernement. Didier Leschi, qui est aussi directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, doit faire pour la seconde fois, des propositions pour que cesse la grève de la faim de trois militants pro-migrants.

Le dossier est sensible. Davantage encore à l'approche de la présidentielle. D'un côté, la ligne rouge fixée par le ministère de l’Intérieur : ne pas laisser se reconstituer des jungles ou des points de fixation de migrants. De l’autre, un prêtre âgé de 72 ans et deux militants associatifs, qui ont entamé une gréve de la faim le 11 octobre pour réclamer précisément que les camps ne soient plus démantelés.

Au milieu se trouve Didier Leschi, directeur général de l'OFII, missionné par le gouvernement pour faire converger les positions. Un acteur local, grand connaisseur du dossier, craint qu’il n’y ait aucune possibilité d’accord.

Dans un journal, le premier mardi de novembre 2021, Didier Leschi avance pourtant deux propositions. D'abord que cessent les évacuations par surprise, que les personnes soient prévenues en amont et qu’elles disposent de 45 minutes pour ramasser leurs effets personnels. Insuffisant pour les associations concernées ou de soutien, qui campent sur leur revendication initiale : que cessent les évacuations. Deuxième proposition de Didier Leschi : que les migrants, un peu plus d’un millier, se voient proposer des solutions d’hébergement en dehors de Calais. C’est le point de blocage, le DG de l'OFII le reconnaît lui-même.

Les grévistes de la faim comme les associations répondent : vous ne pouvez pas forcer des gens à être hébergés en dehors de Calais, alors qu'ils sont précisément là pour tenter la traversée de la Manche. Ce sont en majorité des Afghans, des Syriens, des Soudanais, des Érythréens, non expulsables parce que leur pays d’origine n‘est pas sûr. Ils ne parlent pas français et rêvent de rejoindre une Grande-Bretagne où ils ont un contact, des proches, un point de chute...

Le gouvernement, pour l'heure silencieux sur la situation à Calais, y accorde en coulisses une vigilance toute particulière. "Leschi rend compte en permanence au ministère de l’intérieur", confie un acteur. Car au-delà de la mise à l’abri des migrants, l’exécutif a deux sujets : d'abord le curé, "prêt à mourir de faim dans son église", à en croire un élu local. Imaginez alors l’émotion suscitée… Ce même élu n’exclut pas "que le préfet prenne un ordre d’hospitalisation d’office avec pose d’intraveineuse pour le nourrir de force".

Deuxième sujet : la politisation de l’enjeu. Le député Insoumis du Nord Adrien Quatennens, s’est déjà rendu à Calais ce week-end pour voir les grévistes de la faim. "Gérald Darmanin a surtout un problème avec Natacha Bouchart, la maire Les Républicains de Calais", croit savoir un connaisseur. "Darmanin veut s’éviter un procès en faiblesse d'une élue de droite, qu’elle l’accuse de laisser se reconstituer une jungle." "C’est pour ça que Didier Leschi a été missionné, rebondit un parlementaire. Pour montrer que le gouvernement agit, sans s’exposer en direct."

Didier Leschi est un haut fonctionnaire, ancien préfet, qui a pratiqué les cabinets ministériels… Le profil idoine pour comprendre les contraintes politiques sans en faire lui-même. Mais ses propositions n'ont pas été suffisantes pour convaincre les auteurs de cette grève de la faim, de cesser leur mode de revendication.

Dès le jeudi 04 novembre 2021, les grévistes de la faim qui soutenaient la cause des migrants de Calais n'étaient plus que deux. En effet, depuis ce jour, le prêtre Philippe du Secours catholique de 72 ans a dû interrompre sa grève de la faim après 25 jours sans s’alimenter, qui soutenait cette cause de la même manière que les deux autres militants. Il dénonçait aussi, le sort des exilés présents à la frontière avec le Royaume-Uni, tantôt chassés de leur lieu de vie temporaire par les forces de l’ordre toutes les 48 heures, tantôt soumis à des traitements dégradants, comme la saisie et la destruction de leurs effets personnels, des violences physiques ou verbales et des humiliations en tout genre.

Une semaine après, alors que les tentatives de médiation avaient échoué jusque-là, les organisations mobilisées sur le terrain, dont le Secours Catholique, continuaient de demander l’arrêt des expulsions de campements. Les deux grévistes continuaient leur action, pendant que l'état français montrait ses limites dans la négociation. Chacun "campait" donc sur ses positions.

Face à un "statut-quo" de la négociation en cours, un entretien avec Juliette Delaplace, chargée de mission "Personnes exilées sur le littoral Nord" au Secours Catholique, et responsable du centre d'accueil de jour de Calais, avait eu lieu les jours suivants.

Une seule question, est posée à Juliette : les tentatives de médiation avec les grévistes et les associations sont pour l’heure un échec. Que pense le Secours Catholique des propositions avancées par le gouvernement ? Elle répond :

"Rappelons d’abord que les demandes des grévistes, à savoir la fin des expulsions de campements et des confiscations ou destructions d’affaires personnelles au moins pendant la durée de la trêve hivernale, sont très raisonnables. Et malgré tout, nous constatons que le gouvernement n’est pas prêt à changer le logiciel sécuritaire et répressif qu’il a mis en place à Calais depuis maintenant 5 ans.

Afin de lutter contre un risque d’appel d’air et de reconstitution d’une jungle, ainsi qu’il le justifie, il met en œuvre des pratiques qui relèvent du harcèlement quotidien, en complète violation des droits fondamentaux, tel que cela a été dénoncé notamment par la Défenseure des droits ainsi que la Commission nationale consultative des droits de l'homme. En refusant les demandes des grévistes, le gouvernement refuse une trêve des violences et des violations des droits humains, il refuse de réfléchir à des solutions qui passeront forcément par le respect de ces droits. On ne peut que regretter ce refus.

Rappelons aussi que nous, associations, ne souhaitons évidemment pas que les personnes dorment dehors, et qu’une "jungle" se reconstitue. Le laisser penser est malhonnête. Nous ne faisons que le constat qu’à Calais, les personnes n’ont d’autre solution que de rester à la rue pour espérer traverser en Angleterre. Et pire, comme me le faisait remarquer une bénévole, ici à Calais, elles n’ont même plus où rester "dehors", expulsées en permanence de leurs campements. 

Une fois cela posé, nous estimons que les propositions du gouvernement sont largement insuffisantes et déconnectées des réalités du terrain : elles ne répondent ni à l’urgence de court terme, ni aux problématiques de long terme. Le médiateur dépêché par le gouvernement a proposé que les personnes soient prévenues en amont des évacuations et qu’un délai de trois quarts d’heure leur soit laissé pour récupérer leurs effets personnels : mais cela ne va rien changer ! Les personnes vont s’expulser d’elles-mêmes, avant de revenir. Et celles qui ne seront pas sur leurs campements au moment de l’avertissement ne seront pas au courant. C’est une proposition inopérante.

Quant à l’annonce faite d’une création d’un "sas de mise à l’abri" avant "redirection vers un hébergement pérenne en dehors de Calais" (qui demande d’être précisée dans ses modalités), elle dénote une absence de travail de fond auprès des exilés et des associations de terrain pour comprendre les enjeux de terrain et les réalités de vie de ces personnes. Car qui peut croire que l’on quitte le Soudan ou l’Érythrée pour un hébergement ? Il faut comprendre les raisons qui poussent ces personnes à rejoindre l’Angleterre. Elles le font soit parce qu’elles ont été déboutées de leur demande d’asile en France, soit parce qu’elles se retrouvent coincées dans le règlement Dublin, soit aussi parce qu’elles ont des proches et un projet de vie là-bas".

L’une des solutions imaginées par certaines associations serait la création de "maisons des migrants" sur le littoral, à l’instar de ce qui existe au Mexique, pour permettre aux personnes en transit d’être accueillies en sécurité, dans le respect des droits humains, avec un accès au droit et à l’information. Une idée balayée d’un revers de la main par les autorités, sous pression vis à vis du Royaume-Uni qui met tout en œuvre pour réduire le nombre de traversées dans la Manche en allant jusqu’à menacer la France de ne pas verser l’aide promise visant à renforcer la surveillance de ses frontières.

Le prêtre imagine, sans que cet avis ne soit partagé par les deux autres grévistes, la création d’un centre à la frontière où les exilés pourraient déposer leur demande d’asile pour le Royaume-Uni. Avec le risque, comme l’ont démontré les projets farfelus du gouvernement britannique, qu’un centre ne soit finalement créé à mille lieues du pays, dans une logique d’externalisation de la demande d’asile.

Au début des premières négociation, en fin du mois d'octobre 2021, un acteur local, grand connaisseur du dossier de Calais, craignait déjà qu’il n’y aurait aucune possibilité d’accord. En effet, j'ai constaté également, que la divergence d'opinion qui malgré le contexte, n'évoluait pas

Compte tenu du renforcement actuel des dispositions de l'Angleterre vis-à-vis de tous les migrants qui tentent de gagner ce pays, il n'est pas nécessaire d'être spécialiste du sujet, pour comprendre que la situation de ces exilés sera dans les prochains mois, voire les prochaines années, de plus en plus difficile. Le "Brexit" qui en 2016, a été voté par une majorité de britanniques, mentionnait déjà outre leur volonté de quitter l'Union Européenne (UE), également une volonté parmi eux, de mettre fin à l'immigration massive qu'ils supportent depuis des années. Ils considéraient déjà que les gouvernements français successifs, étaient responsables ce qu'ils considéraient comme une invasion.

En 2021, le "Brexit" est appliqué, et la situation de la migration s'est donc aggravé comme cela était prévisible.

Compte tenu des espoirs de ces jeunes exilés, je comprends ainsi mieux, leur désintéressement à vouloir apprendre correctement le français. Pour les quelques semaines ou mois qu'ils espèrent devoir passer à Calais, la maitrise de quelques phrases de base suffisent parfois.

Or ce que ces jeunes étrangers voulant traverser la Manche, ne veulent pas encore souvent admettre, c'est que la situation n'est plus du tout la même qu'avant 2020. Je comprends leur volonté à vouloir s'installer en Angleterre, mais désormais la durée de leur présence en France, risque de perdurer davantage. Il serait donc sage de prévoir, même si ce changement n'était pas dans leur objectif final, de se donner davantage de véritable "chance" pour que leur clandestinité sur le sol français, prenne fin, en montrant notamment leur volonté à essayer de s'intégrer dans le paysage français. Donc dans l'immédiat, ne plus vouloir tenter la traversée de la Manche, sur une embarcation de fortune, qui très souvent, se termine par un autre échec.

Il sera néanmoins possible, notamment pour ceux et celles qui n'ont pas d'attaches familiales en Angleterre, de rejoindre plus tard ce pays, dans des conditions beaucoup moins risquées. Mais pour tous les autres qui souhaitent rester en France, afin d'obtenir d'abord et plus facilement une carte de séjour provisoire, il sera nécessaire de multiplier les efforts organisés d'insertion, et ensuite les faire reconnaître au maximum.

Le 9 novembre 2021, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, ont publiés un communiqué de presse rappelant succinctement les motifs de leur grève de la faim depuis 30 jours à l’église Saint-Pierre à Calais. Dans ce texte publié, ils ont rappelé aussi que leur action était soutenue par 180 associations et plus de 50 000 citoyen(nes).

Ce communiqué annonçait surtout qu'à ce stade, les annonces du gouvernement, faites par la voix de M. Leschi, ne répondaient absolument pas à leurs revendications. Le quotidien des personnes exilées reste insupportable : les expulsions de campements et la destruction des effets personnels avaient à ce jour, toujours cours, des centaines de personnes restaient privées d’accès aux services de base (alimentation, eau potable, hygiène...), trois personnes avaient perdu la vie la semaine précédente.

Selon eux, les mesures annoncées par les autorités les jours précédents n’auraient de sens que lorsque les traitements inhumains infligés aux personnes exilées cesseront. Ils avaient écrit au Président de la République le 4 novembre. Ils lui avaient demandé qu’un dialogue sur la base de leurs revendications s’instaure au plus vite et au plus haut niveau. A ce jour, ils n'avaient reçu aucun retour. Ils lui avaient rappelé que des vies étaient entre ses mains.

Enfin, ils lui avaient rappelé qu'ils étaient extrêmement déterminés et attendaient des décisions à la hauteur de leurs revendications dans les plus brefs délais.

Selon moi, il faudrait mettre en œuvre plusieurs solutions. A court terme, il faudrait que les demandes des grévistes soient satisfaites : la suspension des expulsions et des confiscations au moins le temps de la trêve hivernale, et la reprise d’un dialogue réel entre pouvoirs publics et associations pour réfléchir à des solutions de long terme. Les solutions de long terme sont de différents ordres : il faudrait suspendre l’application du règlement de Dublin, donner de la latitude pour l’examen des situations de certains déboutés afin de favoriser leur régularisation, et par ailleurs négocier avec nos voisins britanniques des voies d’accès légales. 

Je constate comme d'autre, que le gouvernement ne veut pas entendre ces demandes. Il y a plusieurs explications à cela : le rapport de force avec la Grande-Bretagne n’est pas en notre faveur, nous sommes également dans un contexte de durcissement de la politique migratoire, sur fond d’échéances électorales, et non sur des bases de bon sens. Le gouvernement agite le spectre de l’appel d’air, ce qui empêche une réelle réflexion sur des solutions pour mettre fin à cette situation indigne pour les personnes qui la subisse.

Puis, c’est un changement complet de paradigme dont nous avons besoin à la frontière franco-britannique, et de manière plus générale, cette politique n’est pas nouvelle. C’est la poursuite de 30 ans d’inhospitalité et de déni de réalité. C’est un changement complet de paradigme dont nous avons besoin à la frontière franco-britannique. Un début serait la fin du harcèlement et des violations des droits fondamentaux.

Suite à tous ces efforts et ces sacrifices, il faut admettre que la déception subie était malheureusement prévisible.

En effet, la suite malheureusement inutile de cette "confrontation locale" semblait prévisible, et malgré cet échec, mes efforts pour aider les migrants continuent. Les deux militants associatifs de Calais en grève de la faim depuis le 11 octobre 2021, en soutien aux migrants ont annoncé "Fatigués et en colère", le 17 novembre 2021, la fin de leur action, pointant l'absence d'écoute des responsables politiques. "Nous n'avons plus la capacité de lutter à travers la grève de la faim. C'est pourquoi nous avons décidé aujourd'hui d'y mettre un terme", ont déclaré Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, lors d'une conférence de presse dans l'église Saint-Pierre de Calais, après 38 jours sans s'alimenter. "Nous sommes fatigués et en colère. Nous ne sommes pas écoutés. Le dialogue est fermé", a déclaré Ludovic Holbein, pull en laine, bonnet noir et épaisse barbe grisonnante. Les larmes aux yeux, amaigrie, Anaïs Vogel a ensuite affirmé qu'elle avait "honte des hommes et des femmes politiques qui nous gouvernent". "Ils se foutent vraiment de notre gueule", a-t-elle ajouté.

Les militants ont évoqué un courrier du ministère de l'Intérieur leur indiquant qu'il ne serait "pas donné suite à leur demande d'un moratoire des évacuations" pendant l'hiver. "Votre engagement extrême est le reflet d'une sincérité qui mérite considération", y écrit aussi le directeur de cabinet de Gérald Darmanin.

Didier Leschi, le médiateur dépêché par le gouvernement a réagi auprès de l'AFP "la radicalité de ce mode d'action ne favorisait pas un dialogue serein. Désormais, un dialogue constructif doit se poursuivre", a-t-il ajouté, précisant ce jour-là, qu'il retournerait à Calais "début décembre suivant". Plusieurs centaines de personnes, en majorité des militants associatifs, de partis de gauche ou syndicalistes, avaient manifesté le 13 novembre précédent pour soutenir les grévistes. Le traitement des migrants, qui affluent sur le littoral des Hauts-de-France dans l'espoir de rallier le Royaume-Uni, cristallise les critiques des associations et responsables humanitaires, ainsi que d'élus depuis des années. Le mardi suivant, le principal campement de Grande-Synthe (Nord), environ un millier de migrants a été évacué : une majorité d'entre eux ont été "mis à l'abri, à l'écart du littoral, dans des centres d'hébergement", selon la préfecture du Pas-de-Calais. Depuis 2020, les tentatives de traversées à bord de petites embarcations se multiplient, attisant les tensions entre Paris et Londres.

Après cette nouvelle déception, je pense toujours que la première action pour un étranger en France, et qui souhaite sortir de la clandestinité, est d'obtenir un logement, puis de parvenir à obtenir son indépendance financière. Certes, ces premiers objectifs sont souvent très difficiles à atteindre, mais avec de la persévérance, couplée à une bonne organisation, il faut savoir saisir les opportunités, qui en échange d'une simple bonne foi, permet d'obtenir les réponses adaptées, après avoir de frapper aux bonnes portes, actions auxquelles je pouvais aider, ce projet peut devenir réalisable.

Mais dès aujourd'hui, même si ce changement s'imposera dans les choix, je suis conscient que les migrants n'ont pas la même notion du temps que les Occidentaux, et que leur hésitation perdura au moins six mois voir beaucoup plus.

Il faudra donc me cantonner durant six mois ou plus, à l'animation, un après-midi par semaine, à l'accueil de jour à Calais, de l'atelier "autonome". La continuation d'apprendre aux intéressés, durant trois après-midis par semaine, les principales expressions françaises nécessaires chaque jour, et sans devoir s’inscrire dans un cycle d’alphabétisation classique, pourra s'organiser en gérant le planning de chaque bénévole compétent(e). Ensuite, les demandes pour l'animation d'un atelier d'alphabétisation plus complet, devrait s'imposer.

En attendant, la teneur de mon projet pourra continuer de s'étoffer, afin de pouvoir le mettre en application, dès la fin de l'année 2022. De même, je pourrais ainsi multiplier mes connaissances envers un public africain, mais aussi vers d'autre communautés en souffrance, et ayant quitté leur pays. Parmi celles-ci, une participation vers le soutien de ces populations marginalisées par notre société, à l'extérieur du centre calaisien, mais en restant dans la ville de Calais. De même, mais lors d'autres jours, des participations à des séances d'information administrative dans différentes équipes du Secours catholique du département.

Mais tout cela était sans compter sans les fondements du Secours catholique qui emporté dans mon élan de vouloir bien faire, me les ont trop vite faits oubliés, et qui devaient se joindre aux manques de soutien collectif de cette association à Calais.

Après des mois d'investissement personnel dans ce centre, situé à plus de 40 kilomètres de chez moi, quelques jours avant Noël 2021, je suis déçu de constater, que le secours catholique de Calais ne correspond pas du tout à mon projet d'enseigner bénévolement le français, avec des possibilités d'utiliser éventuellement des méthodes nouvelles. Je n'avais pas pris ce type de décision avant, car je continuais d'espérer. Mais plus de deux mois passés réellement dans ce centre de Calais, et notamment après l'entretien du 27 janvier, j'ai compris que mes espoirs d'antan resteraient des rêves ne correspondant pas aux méthodes de ce centre, qui est de se limiter aux aides de premières nécessités. Effectivement, la priorité de cette structure pour les migrants est de satisfaire à des besoins primaires, puisque ces personnes sont en transit sur notre sol avant de rejoindre l'Angleterre.

Mais ce jour-là, j'ai insisté afin qu'il n'y ait pas d'incompréhension, que je comprenais parfaitement que ces besoins d'urgence soient satisfaits, je ne les ai d'ailleurs jamais remis en cause, mais je recherchais un autre bénévolat. En effet, il est compréhensible que le besoin d'apprendre notre langue pour s'établir en France ne corresponde pas aux migrants clandestins accueillis. J'ai donc eu tort de ne pas voir ce qui était déjà évident en septembre 2021. Toutefois, je ne regrette rien, car mes expériences dans ce centre m'ont appris beaucoup sur un fait de société qui interroge souvent. Toutefois, je dois remédier assez rapidement à ce changement de parcours.

Après un entretien avec la responsable de la M.E.R, en janvier 2022, elle a admis que j'avais compris que mes compétences n'étaient pas reconnues au Secours catholique de Calais, et que je refusais de faire 85 kilomètres pour aller beurrer des tartines ou servir du café. Je lui ai dit plusieurs fois ce jour-là, que j'estimais que ce type de bénévolat était nécessaire, mais de préférence, il serait plus judicieux d'utiliser les compétences disponibles localement, aux taches adaptées. Je n'ai pas "baisser les bras" pour autant, j'ai simplement pris le recul nécessaire, car cette autre déception confirmait que je devais maintenant faire le bon choix.

Cependant juste après ce désaveu, et face des évidences ne me permettant pas d'évoluer dans ce projet prévu depuis octobre 2021, je dois envisager de modifier le parcours qui me permettra d'aider les migrants concernés tout en rendant ce projet réalisable. Je suis depuis plus d'un mois, conscient qu'au Secours catholique de Calais, même si elle est indispensable pour les bénéficiaires, l'aide aux migrants se limite actuellement à une aide provisoire et trop limitée, avant d'atteindre l'Angleterre voisine. Même si je continu à vouloir être utile, j'éprouve moins le besoin d'aller dans ce centre, et je me refuse de faire plus de 80 kilomètres, plusieurs fois par semaine, pour effectuer un bénévolat que je peux faire beaucoup plus près, et donc plus fréquemment.

Après réflexion, quelques semaines après, j'ai rappelé à une institution près de chez moi, que depuis très longtemps, je suis intéressé à participer à un plaidoyer en faveur de l'émigration, notamment africaine. Il y a quelques années, sur la recommandation d'une personne engagée, aujourd'hui décédée, j'ai été candidat dans cette institution à seulement quelques kilomètres de chez moi, pour donner bénévolement des cours d'alphabétisation. A l'époque, cette candidature n'a eu aucune suite, parce qu'il avait suffisamment d'enseignant(e)s dans ce domaine, dans cette institution nationale près de l'audomarois.

Mais aujourd'hui, j'abandonne désormais l'idée d'enseigner la langue française dans un collectif, mais je considère opportun de faire bénévolement dans ma région, ce que jadis, j'ai fait durant cinq mois dans un pays d'Afrique, soit animer bénévolement un atelier pour l'initiation informatique, pour des exilé(e)s.

Cette fois, cette institution nationale saisi l'opportunité offerte bénévolement, mais ne peut toujours pas accéder à ma demande d'aider bénévolement à la rédaction d'un plaidoyer, parce qu'elle considère cela inutile.

J'ai pris acte de ce refus, et me suis adressé à une ONG internationale reconnue, qui après des tests réalisés à Lille, a su saisir l'utilité de cette occasion pour me confier la rédaction de textes qui permettent de mêler la migration des étrangers, avec l'actualité française ou étrangère. Je n'en demandais pas d'avantage pour terminer mes études sur la migration africaine. Depuis je vais régulièrement à Lille débattre et déposer mes articles, et participe à de courtes expéditions sur le "terrain", afin de rester en phase avec ce fait de société présent partout dans l'hexagone.

A ce jour, cette méthode continue de me satisfaire, et elle ne m'empêche non plus de rester membres de l'équipe de St-Omer du Secours catholique, pour accueillir les familles nécessiteuses qui s'adresse à cette autre institution.

Les mois ont passés et mon inscription en octobre 2021, au réseau "WhatsApp" de l'équipe de Calais me démontrent encore à ce jour, que la préoccupation essentielle de cette équipe de bénévoles, est de se donner bonne conscience, en allant aider des gens qui n'apprécient la France que pour obtenir l'aide temporaire qu'elles ont besoin, lors de leur passage en France.

Je comprends sans le partager, cette forme de soutien hors la loi, car moi, je préfère faire des efforts pour des étrangers (francophones ou anglophones), qui optent pour une intégration en France, quitte à devoir les multiplier, pour les assister à y parvenir.

Je persiste donc à croire, que j'ai les valeurs correspondantes, et que je peux être utile à la fois aux personnes défavorisées, et aux personnes étrangères souhaitant s'intégrer sur notre sol.

De nombreux responsables du secours catholique envahis par leurs certitudes ne l'ont pas admis, mais d'autres bénévoles membres de cette institution, sont souvent confrontés aux réalités du "terrain", et savent reconnaitre les opportunités disponibles qui peuvent les aider à accomplir correctement leur mission.

 

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